SECONDE CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE POUR LA SAUVEGARDE D’ANGKOR - 14 & 15 NOVEMBRE 2003 - PARIS

 

PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DURABLE (Une nouvelle décennie : 2003 – 2013)

 

Angkor constitue pour le Cambodge un atout culturel et patrimonial exceptionnel à mettre au service du développement économique et social du pays. La richesse du site archéologique suscite à elle seule l’intérêt des visiteurs nationaux comme internationaux. La normalisation de la situation politique du pays a permis de le réinscrire progressivement dans la liste des destinations touristiques prisées. Sa fréquentation est ainsi passée de 90.000 visiteurs internationaux en 1996 à 320.000 en 2002, le nombre de visiteurs cambodgiens étant évalué cette même année à près de 300.000 personnes.

Le développement d’un tourisme culturel maîtrisé dans la région de Siem Reap / Angkor est ainsi devenu l’un des piliers de la politique de lutte contre la pauvreté mise en place par le gouvernement royal. Le Cambodge a décidé d’élaborer une politique touristique ambitieuse, tant respectueuse du site et de ses habitants, de son environnement et de son authenticité, qu’inscrite dans une perspective de développement durable de la région de Siem Reap / Angkor. Cette lutte contre la pauvreté suppose l’implication et la formation des populations locales dans les activités génératrices de revenus mais aussi la mise en place de procédures de répartition équitables des retombées financières du tourisme afin d’améliorer leurs conditions de vie. Dans cet esprit, il s’avère indispensable d’élaborer une stratégie partenariale entre tous les intervenants locaux du secteur touristique et para-touristique (collectivités locales, ministères, tours-opérateurs, promoteurs, ONG et habitants).

L’objectif de cette politique touristique est que la région de Siem Reap / Angkor devienne également une destination de séjour haut de gamme (adaptée notamment au tourisme professionnel moins sensible à la conjoncture), choisie par les visiteurs pour la qualité et la diversité de son offre touristique et culturelle, mais aussi pour la facilité de son accès aérien. Il s’agit de favoriser l’allongement de la durée moyenne de séjour (de moins de deux jours actuellement à trois ou quatre jours à terme) en donnant aux visiteurs le goût et l’envie de découvrir les multiples attraits de la région, et de générer une activité économique accrue pour créer, à terme, 50.000 emplois. Il s’agit aussi d’utiliser la notoriété d’Angkor, pour ouvrir, dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire, l’ensemble des richesses du pays au développement touristique.

Le positionnement haut de gamme de la destination et la durée du séjour sont, au-delà du chiffre absolu de fréquentation du site, deux éléments essentiels de valorisation des retombées économiques du tourisme. Un séjour plus long favorise une « consommation » touristique plus forte dans des domaines très variés de l’économie : hôtellerie, restauration et visites culturelles, mais aussi artisanat et petits métiers, sports et loisirs…, ce qui provoque des effets d’entraînements très significatifs sur de nombreux secteurs de l’économie. A l’inverse, des séjours courts n’amènent, pour le pays, que des retombées économiques réelles très faibles (inférieure à 20% des dépenses des touristes), alors que les nuisances pour la conservation des monuments et de l’environnement sont maximales.

Dans cette perspective, l’aménagement des « Portes d’Angkor », espace de transition vers le site archéologique, sera un facteur fort de développement du tourisme en apportant les services d’accueil et d’information qui aujourd’hui font défaut. Il pourra aussi, par des équipements adaptés, attirer progressivement de nouveaux segments de marché touristique, générateurs de ressources nouvelles, notamment pendant la basse saison du tourisme traditionnel. Le rôle de l’Autorité APSARA sera, à cet égard, décisif.

Le développement d’un tourisme de qualité à Angkor est cependant indissociable d’une amélioration durable de l’environnement urbain à Siem Reap, de plus en plus menacé par l’augmentation des flux de visiteurs et des populations. Son patrimoine propre, architectural et naturel, nécessite, en priorité, une mise en valeur à la hauteur des attentes des visiteurs et des besoins des habitants, notamment les plus défavorisés.

Les autorités municipales et provinciales de Siem Reap auront là un rôle privilégié à jouer. Car cette politique de valorisation touristique, culturelle et environnementale doit être mise en œuvre à l’échelle de la région tout entière et, à terme, du pays dans son ensemble.

On trouvera, ci-après, une analyse des enjeux et défis à relever pour la gestion du parc d’Angkor, l’aménagement de la ville de Siem Reap et le développement durable de la province. Figurent dans la partie III (page XX) les projets dont la mise en œuvre est jugée prioritaire pour la réussite de cette entreprise à portée nationale.

 

LE PARC D’ANGKOR, patrimoine mondial : aménagement et gestion touristique

Comme le montrent les études de l’observatoire des publics mis en place par l’Autorité APSARA, la majorité des visiteurs actuels d’Angkor sont des « pionniers », soucieux du caractère culturel de leur séjour et sensibles à l’ambiance du site plus qu’à son niveau d’infrastructures.

Heureusement, car ouvert à la visite il y a tout juste dix ans, le parc d’Angkor ne dispose pas des aménagements généralement disponibles dans des sites culturels d’une telle envergure.

La croissance rapide et récente du tourisme a toutefois mis en lumière la nécessité de réaliser une série d’infrastructures pour améliorer l’accueil des visiteurs, leur compréhension du site et leur sécurité. Cela est nécessaire pour attirer de nouveaux visiteurs et parvenir à développer la fréquentation du site tout en garantissant qualité de la découverte et préservation des monuments. La situation présente un caractère d’urgence car certains monuments se trouvent déjà menacés par la pression touristique. C’est le cas essentiellement d’Angkor Vat, de Banteay Srei, du Phnom Bakheng et de Ta Prohm.

Afin d’apporter une réponse adaptée à ces nouveaux enjeux, sept domaines prioritaires font l’objet d’une attention particulière de la part de l’Autorité APSARA :

-          Les paysages culturels et naturels

-          L’authenticité et la qualité de l’accueil dans le parc

-          Les circuits et la circulation

-          Les aménagements de site

-          La signalétique et la présentation des monuments

-          La régulation des flux de visiteurs

-          L’animation du parc

Un travail de réflexion et de planification est engagé dans plusieurs de ces domaines, qui devra tenir compte de plusieurs difficultés. Toutes les décisions prises devront en effet veiller à préserver l’atmosphère si particulière d’Angkor, car elle constitue l’un des attraits fondamentaux du site et un atout remarquable qui le distingue de nombreux autres sites patrimoniaux de par le monde. Elles devront aussi garantir que le site soit accessible physiquement, intellectuellement et émotionnellement aux visiteurs nationaux et internationaux.

 

1. Les paysages culturels et naturels

Comme l’a établi l’étude environnementale globale du parc d’Angkor (étude intitulée « ZEMP » : Zoning and Environment Management Planning, conduite par l’UNESCO, sur financement du PNUD et de l’Agence suédoise SIDA), les paysages culturels et naturels constituent, par leur qualité et leur diversité, une valeur distinctive du site. Leur conservation durable nécessite tant un inventaire descriptif et un plan d’action que la mise en place, au sein de l’Autorité APSARA, d’un organe administratif et technique spécifique pour la réalisation des travaux et le suivi permanent (voir fiche projet N°4). De même, la création d’une pépinière contribuerait à entretenir la richesse forestière du parc et lutter contre le déboisement massif de la province (voir fiche projet N°40).

 

2. L’authenticité et la qualité de l’accueil dans le parc

Pour préserver l’atmosphère d’Angkor, il est important de former des spécialistes, chargés de sensibiliser les populations villageoises à la préservation et la valorisation de leur patrimoine culturel et naturel ainsi qu’aux enjeux du tourisme. Il pourrait être aussi envisagé d’impliquer d’avantage les habitants du parc en leur faisant assumer, à tour de rôle, la fonction de communauté d’accueil. Grâce à leur participation active, ils pourraient ainsi veiller à la qualité de l’accueil des visiteurs dans leur village, et leur présenter ce qui constitue la culture vivante du Cambodge (voir fiche projet N°3).

 

3. Les circuits et la circulation

La réflexion sur les circuits de visite est née d’un constat : le caractère obsolète des anciens « petit circuit » et « grand circuit ». Elle a pour objectif de proposer de nouveaux circuits de découverte d’Angkor, chronologiques ou thématiques, porteurs de sens, qui répondent aux attentes diversifiées des visiteurs, mettent en valeur des aspects méconnus (environnementaux ou paysagers), et permettent de lutter contre l’engorgement de certains monuments à certaines heures de la journée. Cela nécessite un important travail de conception et d’organisation d’ensemble du nouveau dispositif, à mener en collaboration avec les intervenants publics et privés du secteur, mais aussi de formation des guides et d’information des visiteurs.

L’élaboration et la mise en place d’un plan de circulation dans le parc d’Angkor a pour objectif de lutter contre la pollution en réduisant les mouvements de véhicules actuels dans le parc, de préserver la quiétude des visiteurs et la sérénité du site, et proposer des rythmes de visite adaptés à une découverte approfondie des temples. Il est notamment prévu de construire, dès 2004, deux voies de contournement du parc, par l’est (de la RN 6 à Banteay Srei via Pradak) et par l’ouest (pour contourner Angkor Thom) (voir fiche projet N°9).

 

4. Les aménagements de site

L’aménagement des zones d’accueil de chaque monument du parc, réalisé en étroite corrélation avec le plan de circulation et la définition des nouveaux circuits, est un des points forts du développement touristique. Ces installations permettront par ailleurs de corriger la perception du patrimoine Angkorien en intégrant l’environnement et la symbolique spatiale, comme des enjeux touristiques à part entière.

L’aménagement concerté des « parvis » des temples permettra de constituer des infrastructures de proximité, indispensables à la mise en œuvre des projets de circuit et de régulation des flux. La priorité a été donnée par l’Autorité APSARA, avec l’appui de la France, aux monuments identifiés par l’observatoire des publics : Angkor Vat, Banteay Srei, Phnom Bakheng, Ta Prohm (voir fiche projet N°7).

 

5. La signalétique et la présentation des monuments

La signalétique directionnelle et de rabattement est un élément indispensable à l’orientation des visiteurs, en particulier dans un site archéologique qui s’étend sur 401 km² et compte plus d’une quarantaine de sites et monuments insignes dans un rayon de 40 kilomètres autour de la ville de Siem Reap (groupe de Roluos et Beang Mealea à l’est, Phnom Krom et Tonle Sap au sud, Baray occidental à l’ouest, « petit circuit », « grand circuit », Banteay Srei et Phnom Kulen au nord). L’Autorité APSARA a donc élaboré, en 2002, avec l’aide d’un spécialiste français, un schéma directeur de signalisation, dont la mise en place a débuté en 2003. La première phase d’installation des panneaux de signalisation directionnelle et de rabattement, ainsi que de trois panneaux de signalisation touristique et culturelle sur les routes d’accès à Siem Reap, est achevée.

La signalétique culturelle et touristique contribue quant à elle à une meilleure compréhension des monuments par le visiteur, mais aussi à son orientation à proximité immédiate et à l’intérieur de chaque monument. Il s’agit là de la prochaine étape à franchir en matière de signalétique (voir fiche projet N°8). Sa mise en œuvre pourrait commencer en 2004. Elle devra être combinée à un autre projet d’une extrême importance, celui de l’aménagement progressif des parvis des monuments.

 

6. La régulation des flux de visiteurs

Angkor est aujourd’hui accessible après achat d’un billet unique donnant accès à tous les monuments pour une ou plusieurs journées consécutives. Si ce principe est d’une grande souplesse d’utilisation pour le visiteur et de gestion pour le concessionnaire, il ne permet pas une gestion fine des flux de visiteurs par monument et par périodes de la journée.

L’accroissement rapide du nombre de visiteurs annuels va évidemment augmenter la pression sur les monuments. Il est donc important d’engager, dès 2004, une réflexion globale sur les modalités de gestion des flux de visiteurs dans le parc d’Angkor, et d’envisager plusieurs hypothèses de travail pour éviter une surfréquentation des sites et favoriser une meilleure répartition des flux dans le temps et l’espace :

tarification différenciée selon les monuments et/ou les heures de la journée, réservation, limitation de la durée des visites et/ou du nombre de visiteurs, extension de la durée de validité des billets à une période plus longue… Un programme d’étude et d’action sur ce sujet est en cours d’élaboration pour 2004.

 

7. L’animation du parc

L’élaboration et l’organisation d’actions culturelles en milieu patrimonial (danse, musique, théâtre…) est devenue, au cours de ces dix dernières années, une activité importante des gestionnaires de sites, notamment en Europe. Angkor n’échappera pas à cette règle qui consiste à renouveler sans cesse l’intérêt des visiteurs pour un site afin d’en développer la fréquentation.

En raison de la nature même du tourisme à Angkor (majoritairement international) et de la localisation géographique du site (à des milliers de kilomètres des lieux de résidence des visiteurs), la définition d’une politique d’animation du site poursuivra nécessairement des objectifs en partie différents. Il s’agira d’enrichir l’offre culturelle actuelle, notamment par l’organisation de spectacles ou de festivals (voir fiche projet N°2), pour inciter les visiteurs à prolonger leur séjour angkorien, et mettre en valeur la richesse et la diversité du patrimoine immatériel du Cambodge, tout en développant une image haut de gamme et accueillante, conforme à l’idée que le gouvernement souhaite donner d’Angkor et du Cambodge à l’étranger. Cela pourrait également favoriser le développement d’un tourisme événementiel, à l’occasion de l’organisation d’un festival international d’envergure tel celui de Baalbeck au Liban ou de Carthage en Tunisie.

 

SIEM REAP, entre tradition et modernité

Le développement de la région de Siem Reap / Angkor comme destination touristique internationale risque de provoquer de profondes mutations ou transformations dans le tissu urbain de la ville de Siem Reap. L’accroissement du nombre de visiteurs nationaux et internationaux, mais aussi la croissance de la population cambodgienne, attirée par l’essor économique de la ville, va obliger les pouvoirs publics à définir et mettre en œuvre une politique équilibrée de mise à niveau des infrastructures actuelles et d’extension progressive du tissu urbain.

Cette politique se devra de préserver un équilibre tenu entre tradition et modernité, mais aussi d’éviter deux écueils majeurs. Le premier serait de promouvoir des aménagements qui feraient perdre à la ville son caractère de ville jardin calme et reposante, dans lequel réside une grande partie de son charme et de son attrait pour les visiteurs. Le second écueil serait de ne développer que les infrastructures bénéfiques pour le développement du tourisme en laissant de côté l’amélioration des conditions de vie des habitants de Siem Reap.

 

1. La maîtrise et la gestion du développement de la ville de Siem Reap

La régulation de la croissance urbaine – La régulation de la croissance de la ville de Siem Reap nécessite l’existence de services techniques compétents en matière d’urbanisme, tant au sein de l’Autorité APSARA, qu’aux niveaux provincial et municipal. Les savoir-faire dont il convient de disposer sont nombreux et diversifiés : planification, aménagement et gestion urbaine, élaboration de projets urbains, définition et mise en œuvre de règlements d’urbanisme, gestion du foncier, gestion de délégations de service public… Si certaines de ces compétences existent au sein des services concernés, elles doivent être renforcées et coordonnées. D’autres font défaut et devraient être apportées dans le cadre d’un programme d’appui institutionnel à moyen terme (voir fiche projet N°16). Un partenariat avec l’AFD est à l’étude sur ce sujet.

Le réseau de voirie et de transports urbains (voir fiches projet N°23, 24 et 25) – L’extension du réseau de voirie de la ville de Siem Reap est la conséquence mécanique du développement de la ville. Il atteint 135 kilomètres en 2003. Son entretien relève des services techniques de la province et de ceux du ministère des travaux publics, l’Autorité APSARA ayant pour unique mission de mener à bien des travaux d’embellissement. Un effort particulier devrait être consenti pour que soit mise en oeuvre une réhabilitation progressive de ce réseau, en perpétuelle extension. Le coût global de réfection de l’ensemble de la voirie existante (140 km) est évalué à 6,8 M€.

L’alimentation en eau (voir fiches projet N°18 et 22) – Les besoins en eau de la ville de Siem Reap ont été évalués par JICA à 15.000 m3 par jour d’ici à 2010. Ce chiffre tient compte à la fois des besoins en eau de la population cambodgienne de Siem Reap et des hôtels. A l’heure actuelle, la régie des eaux de Siem Reap en satisfait une partie, mais l’organisation du système de production et de distribution d’eau n’est pas satisfaisante, nombreux étant ceux qui pompent l’eau grâce à des forages individuels. La JICA doit installer un système de canalisation pour une grande partie de la ville ancienne d’ici à 2004. A partir de ce réseau, il reviendra à l’Autorité APSARA de construire l’extension de réseau nécessaire à l’approvisionnement de la zone des « Portes d’Angkor ». L’ensemble de ces initiatives devrait être coordonné dans un schéma directeur d’alimentation en eau potable, qui reste à élaborer.

L’alimentation en en énergie électrique – En matière d’approvisionnement électrique, la capacité de production de la ville sera portée en 2004, de 2,2 à 12,2 Mégawatts, grâce à un financement de la JICA, ce qui devrait permettre, au taux de croissance actuel, de couvrir les demandes des hôtels, aujourd’hui approvisionnés par des générateurs privés. Cette nouvelle capacité de production doit répondre aux besoins prévisionnels de la ville jusqu’en 2010.

L’assainissement et la protection contre les inondations (voir fiches projet N°17, 19, 20 et 21) – Des efforts très significatifs devront être consentis dans ce domaine dans les années à venir dont, en premier lieu, l’élaboration d’un schéma directeur. La Banque Asiatique de Développement (BAD) prévoit de financer la réhabilitation du système de drainage et d’assainissement de la partie ouest de la ville. Ce projet en est au stade des études de faisabilité. En cas d’aboutissement, les activités opérationnelles de terrain ne devraient pas débuter avant 2006.

L’Autorité APSARA a préparé de son côté un projet d’urgence pour le drainage de la partie est de la ville, auquel l’AFD envisage de s’associer.

Les réseaux de télécommunication – Le système de télécommunication (téléphone, internet…) se développe très rapidement à Siem Reap, à l’initiative essentiellement d’investisseurs privés.

Les infrastructures sanitaires – A l’exception notable de deux hôpitaux pédiatriques de standard international, les infrastructures sanitaires de Siem Reap demeurent très sommaires. Il n’existe qu’une clinique privée et un hôpital provincial, qui ne dispose pas des moyens humains, techniques et financiers indispensables à la délivrance de soins de qualité. En cas de problème grave, la seule solution envisageable est le rapatriement sanitaire sur Bangkok. Il est donc indispensable, dans les années à venir, de prévoir des investissements significatifs dans ce domaine, pour le bien-être et la sécurité des habitants et des visiteurs.

La mise en valeur du cadre urbain : berges de la rivière, jardins, patrimoine architectural (voir fiches projet N°26, 27 et 28) – Le développement de la ville de Siem Reap ne devrait pas se faire au détriment de son patrimoine historique et de son identité. Une sensibilisation des personnels des services techniques compétents aux modalités de mise en valeur du cadre urbain, architectural et paysager, paraît donc important. Un travail plus approfondi sur l’étude, la protection, la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine devrait par ailleurs être lancé et conduire à la mise en œuvre de projets pilotes.

 

2. Le développement du quartier des Portes d’Angkor, trait d’union entre Siem Reap et Angkor

Le plan d’urbanisme de référence de la ville de Siem Reap, élaboré en 1995 par ARTE / BCEOM, prévoyait la création, au Nord-Est de Siem Reap, d’une vaste cité hôtelière, destinée à abriter des hôtels haut de gamme. Le 13 octobre 1995, l’Autorité APSARA se voyait attribué par décret, un terrain de 560 hectares pour la création de cette zone, dont 360 sont aujourd’hui disponibles pour lancer une première phase d’aménagement.

Pour lancer ce vaste projet, l’Autorité APSARA se doit de rassembler autour d’elle des compétences diversifiées, qui sont traditionnellement celles d’un aménageur. Il s’agit en effet d’établir une programmation fonctionnelle et architecturale, de concevoir un plan d’ensemble d’aménagement de la zone, de viabiliser le terrain, de le commercialiser auprès d’investisseurs privés du secteur du tourisme et des loisirs, mais aussi de réaliser des équipements d’intérêt général, dont la faible rentabilité financière n’est pas en mesure d’intéresser un investisseur privé. Un programme complet d’assistance à maîtrise d’ouvrage pourrait permettre à l’Autorité APSARA de mener à bien cette mission dans de bonnes conditions (voir fiches projet N°30 et 31).

Cependant, il s’est avéré qu’il faut tenir compte de l’évolution de la situation du parc hôtelier à Siem Reap et des besoins généraux (pour 2004- 2014) en infrastructures touristiques, culturelles, sportives et de loisirs. Aussi une étude a-t-elle été conduite, en 2002, par l’UNESCO, l’Autorité APSARA et l’AFD. Elle préconise de compléter le programme initial de la cité hôtelière, dont le nouvel objectif est de créer un nouveau quartier, aux fonctions beaucoup plus larges, destiné à devenir, à terme, un trait d’union entre la ville et les temples. Cette zone devra répondre à des fonctions multiples :

-          Fonctions centrales : logistique (« lieu d’accueil et d’orientation des visiteurs»), médiatique (« pôle de rencontres »), scientifique (« centre de connaissance et d’interprétation du site »), symbolique (« image nationale du Cambodge »)

-          Fonctions de développement urbain : hôtelières, résidentielles et sociales, commerciales, récréatives, éducatives, administratives et techniques.

Les infrastructures d’accueil et d’orientation des visiteurs (voir fiche projet N°34) – Les « Portes d’Angkor » sont destinées à devenir la porte d’entrée principale vers le complexe central des temples d’Angkor. Elles devront donc assumer une double fonction logistique, d’accueil et d’orientation des visiteurs. Il est prévu d’y installer une billetterie, des parkings et les infrastructures nécessaires à la gestion de changements de modes de transport (passage d’un taxi à une navette par exemple), et les services d’accueil indispensables : point d’information, restaurants, boutiques, centre de premier secours, toilettes, etc.

Les programmes d’équipements culturels (voir fiche projet N°35) – La ville de Siem Reap ne dispose aujourd’hui que d’un très faible nombre d’équipements culturels. Ceux qui existent sont, pour l’essentiel, le fait d’investisseurs hôteliers privés. La construction d’un ou plusieurs complexes culturels aux fonctions diversifiées, serait de nature à compléter l’offre culturelle de la région et à prolonger la durée de séjour sur place, mais aussi à doter la ville de Siem Reap d’infrastructures qui lui font actuellement défaut.

En terme de méthode, il s’agira dans un premier temps de définir avec précision les besoins des différents publics cibles : visiteurs nationaux, visiteurs internationaux, résidents de la province de Siem Reap, équipes scientifiques, puis d’établir une programmation précise sur la base des résultats obtenus. Il conviendra ensuite d’établir ce qui relève de la compétence de la puissance publique et ce qui relève de l’initiative privée puis de procéder, pour la réalisation des équipements, aux adjudications sur la base de cahiers des charges précis, établis par l’Autorité APSARA.

Pour comprendre le site d’Angkor (son histoire, sa symbolique, ses composantes religieuses - brahmaniques et bouddhiques, etc.), mieux découvrir la province de Siem Reap et appréhender la culture khmère contemporaine (les modes de vie, les arts, l’artisanat, etc.) le visiteur ne dispose, à Siem Reap, que de très peu d’outils. La nécessité de mettre le visiteur en capacité de comprendre ce qu’il découvre doit orienter la réflexion sur la programmation d’équipements culturels dans la zone des « Portes d’Angkor ».

Les aménagements hôteliers – La ville de Siem Reap compte de nombreux équipements hôteliers de toutes catégories. Ils se sont progressivement implantés au cours des cinq dernières années, dans le centre de Siem Reap et le long de la RN 6. Les aménagements hôteliers envisagés dans la zone des Portes d’Angkor se veulent complémentaires des équipements existants et de nombre limité. Il s’agit en effet de proposer des hôtels haut de gamme (4 et 5 étoiles), implantés sur de vastes terrains paysagers et équipés d’installations sportives et de loisirs. A quelques exceptions près, ce type d’établissement n’existe pas actuellement en raison de l’exiguïté des terrains disponibles dans la ville et des servitudes réglementaires qu’impose la nécessité de préserver la trame urbaine existante.

Les loisirs et les activités sportives (voir fiche projet N°36, 37 et 39) – Les loisirs et activités sportives sont un complément indispensable à l’offre culturelle existante. Le visiteur a besoin de se détendre et de se ménager des pauses entre des moments de visites plus culturelles. Il est donc important de doter la zone des portes d’Angkor d’équipements de loisirs (volière, jardin des plantes, boutiques…) et d’équipements sportifs (piscine, tennis, golf, équitation…), qui contribueront à l’agrément des visiteurs, mais aussi des habitants de la ville de Siem Reap.

 

Perspectives de développement durable de la province de Siem Reap

La politique nationale de développement touristique du Cambodge vise à faire de la région de Siem Reap / Angkor une destination de séjour et du pays une destination touristique à part entière, qui ne soit plus proposée par les tours opérateurs internationaux, comme une simple extension dans le cadre de séjours en Asie du Sud-Est. Le Cambodge dispose pour cela de réels atouts : un patrimoine archéologique exceptionnel, qui ne se limite pas à Angkor, un bord de mer à aménager pour un tourisme balnéaire de qualité, des régions montagneuses préservées, dans les provinces de Ratanakiri et Mondolkiri, pour un tourisme écologique. La réussite d’un développement équilibré des provinces nécessite toutefois la mise en œuvre d’actions volontaristes en matière de développement des infrastructures routières et  aéroportuaires, et de valorisation culturelle et touristique du pays dans son entier.

Si le site d’Angkor constitue la porte du Cambodge, il faut pouvoir le relier au mieux avec les autres provinces du pays. Des actions d’envergure pour faciliter l’accès à Angkor et, au-delà, à la province de Siem Reap, ont déjà été engagées avec la réhabilitation et l’extension des infrastructures de l’aéroport actuel, le lancement d’une politique de transport aérien dite « open sky » et la réfection de la RN 6. Cette politique devra être poursuivie par :

-          La construction, à long terme, d’un nouvel aéroport, éloigné des sites archéologiques, comme le gouvernement s’y est engagé

-          La réhabilitation de la route d’accès à la Thaïlande et le développement du réseau routier de la province, en particulier vers le nord-ouest

-          L’extension des liaisons fluviales avec Phnom Penh et Battambang

Il conviendra de donner à ces visiteurs, une fois sur place, le désir de séjourner plus longuement dans la province, en leur faisant découvrir ses multiples richesses :

-          Richesse naturelle avec la réserve de biosphère du Tonle Sap, le parc national des Kulens mais aussi les paysages de rizières des environs de Siem Reap

-          Richesse patrimoniale avec des sites tels que Beang Mealea, Phnom Kulen, Koh Ker ou Sambor Prei Kuk, et, si possible, les ouvrages d’art angkorien le long de la RN 6, ainsi que le patrimoine urbain de la ville de Siem Reap (patrimoine vernaculaire, religieux et colonial)

-          Richesse culturelle avec les arts traditionnels, dont les danses et l’artisanat

Le développement de liaisons aériennes nationales vers les provinces montagneuses du Nord-Est (Ratanakiri et Mondolkiri) ou le littoral cambodgien du Golfe de Siam (Kampot, Sihanoukville, Koh Kong) pourrait permettre, à terme, de proposer le Cambodge comme une destination touristique à part entière et faire bénéficier tout le pays de l’intérêt touristique que constitue Angkor.

 

1. Amélioration des moyens d’accès à la province

L’amélioration des moyens d’accès à la province de Siem Reap est indispensable au développement de la zone, que l’accès se fasse par voie terrestre, aérienne ou fluviale.

Le principal point d’accès à la région, aussi bien depuis l’étranger que depuis Phnom Penh, est l’aéroport international de Siem Reap.

Construit dans les années soixante, il est implanté dans une zone archéologique sensible, à proximité immédiate du baray occidental, ce qui a conduit le gouvernement à envisager, à long terme, la construction d’un nouvel aéroport, à l’Est de la ville de Siem Reap. Le trafic de l’aéroport actuel est en augmentation régulière, notamment depuis le lancement d’une politique dite « open sky » en 1997. La société française VINCI, concessionnaire de cet ensemble, a élaboré un programme d’investissements pluriannuel pour le mettre aux normes de sécurité en vigueur et répondre aux besoins nouveaux générés par le développement d’un trafic international important. En dépit de contraintes sévères (pistes très courte et présence à proximité du site archéologique), la capacité de l’aéroport ne devrait pas être saturée avant une dizaine d’années.

L’accès routier à la province de Siem Reap s’effectue principalement par la RN 6 qui relie Phnom Penh à la frontière thailandaise via Kompong Thom, Siem Reap et Sisophon. Le tronçon Phnom Penh - Siem Reap sera totalement réhabilité pour 2004, ce qui ne manquera pas de provoquer un accroissement significatif du trafic routier depuis la capitale. La route qui relie Siem Reap à la frontière thaïlandaise demeure encore en très mauvais état. Elle mériterait d’être rapidement réhabilitée, opération qui entraînerait sans aucun doute une augmentation rapide du trafic routier depuis la Thaïlande. Depuis les cinq dernières années, le trafic s’est également développé vers le nord, en direction d’Anlong Veng, mais le réseau routier dans cette direction reste de mauvaise qualité.

Il n’existe pas actuellement de port fluvial sur le Tonle Sap. Les bateaux qui assurent la desserte de Phnom Penh et de Battambang accostent dans le village flottant situé à l’embouchure de la rivière de Siem Reap, dont la localisation change avec le niveau des eaux. La construction d’un port, à condition qu’il évite les nuisances polluantes, pourrait contribuer à développer le trafic fluvial, tant de personnes que de marchandises, depuis Phnom Penh, Battambang, Kompong Chhnang... La BAD étudie actuellement ce projet.

 

2. Valorisation culturelle et décentralisation touristique

La province de Siem Reap est connue essentiellement pour les temples exceptionnels d’Angkor. Mais elle possède aussi un patrimoine culturel et naturel d’une grande richesse qui, conservé et mis en valeur avec soin, contribuerait à renforcer l’intérêt de la région et à lui donner l’image d’une destination touristique complète et diversifiée.

L’ouverture de sites archéologiques éloignés (Beang Mealea, Koh Ker, Sambor Prei Kuk, Preah Khan de Kompong Svay, temples des Kulens…) pourrait non seulement permettre à certains d’assouvir leur passion pour l’archéologie monumentale, mais aussi faire proposer des excursions plus complètes, dont la découverte des monuments ne constituerait que l’un des aspects.

Il existe une demande de découverte écotouristique de la province de Siem Reap. D’une part, le Tonle Sap, écosystème exceptionnel caractérisé par le sens alternatif de l’écoulement des eaux, la présence d’importantes colonies d’oiseaux migrateurs et l’existence d’une remarquable forêt inondée, d’autre part, le parc national des Kulens, avec sa forêt tropicale, seraient les lieux privilégiés à mettre en valeur.

Plus simplement, la découverte d’activités agricoles autour de Siem Reap (riziculture, sériciculture, exploitation du palmier à sucre…) intéresseraient les visiteurs étrangers, notamment occidentaux.

Les populations de Siem Reap sont détentrices de traditions qui ont parfois disparu dans d'autres provinces du Cambodge. Il s'agit de protéger et de promouvoir non seulement les arts du spectacle (danse, musique, chant, théâtre d'ombres), mais aussi les contes, les savoir-faire artisanaux et les pratiques culturelles qui rythment la vie rurale khmère. Ce patrimoine, vivant et fragile, mérite d'être sauvegardé autant que le patrimoine angkorien bâti. Pour qu'Angkor et sa province illustrent pleinement leur titre de conservatoire des arts, et deviennent un lieu de création artistique, c'est l'ensemble des ressources culturelles qu'il convient de préserver. Dans cet esprit, la France prépare un projet d’appui à

la professionnalisation des métiers de la scène. Les projets existants de formation aux métiers de l’artisanat d’art méritent également d’être encouragés et développés sur l’ensemble du territoire de la Province.

 

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