Les musées d'art khmer


L'art khmer au musée national des Arts asiatiques-Guimet

C'est dans les années vingt, face à l'accroissement de ses collections d'art khmer, que le musée Guimet leur consacre une première galerie regroupant des oeuvres originales et des photographies du temple d'Angkor Vat. En 1927, les cinquante-trois pièces, également originales, du Musée indochinois du Trocadéro y sont transférées.

En 1936, Philippe Stern accomplit pour le compte du musée une mission en Indochine, destinée à réunir la documentation nécessaire à ses recherches sur l'évolution stylistique des monuments et de leur décor. Cette mission a également pour but, en liaison avec l'école française d'Extrême-Orient, de ≤désigner parmi les pièces doubles susceptibles d'être envoyées en France, celles qui pourraient utilement compléter les collections du musée≥, étant entendu qu'aucune pièce unique ne sortira du Cambodge; le conseil des musées nationaux accorde une subvention aux fouilles menées en Indochine.

C'est ainsi, par exemple, qu'un élément du temple de Banteay Srei se trouve aujourd'hui à Paris : l'anastylose du monument ayant montré que certains pavillons étaient trop en ruine pour être reconstruits, deux des frontons n'ont pu être replacés : l'un a été affecté au Musée national de Phnom Penh, l'autre au musée Guimet (ils sont de nouveau, pour la première fois, réunis dans cette exposition).

Dès 1938, le musée de la place d'Iéna consacre une grande partie de son rez-de-chaussée aux collections khmères et, à partir de 1954, donne la priorité à l'enrichissement de ses archives photographiques, aux publications et à l'enseignement de l'art du Cambodge ancien. Une politique d'acquisitions rigoureuse et prudente a permis depuis de faire entrer certaines oeuvres majeures dans les collections, tel récemment le très bel Avalokitésvara "Didelot" d'époque préangkorienne

(La statuaire du musée GUIMET)

 

Le Musée national du Cambodge

Le Musée national du Cambodge est officiellement inauguré à Phnom Penh, en 1918. D'abord baptisé «musée du Cambodge», il prend en 1920 le nom de «musée Albert Sarraut», en l'honneur du gouverneur général de l'Indochine, sous l'autorité duquel il est placé.

En 1951, la France cède la direction de la section archéologique aux autorités cambodgiennes, tout en maintenant son assistance technique. Le musée Albert Sarraut est alors rebaptisé «Musée national du Cambodge». Situé au nord du Palais royal, l'édifice, riche adaptation de l'architecture khmère traditionnelle, a été conçu par l'archéologue français George Groslier. Le décor et l'ornementation sont l'oeuvre d'artistes cambodgiens; les motifs des deux imposants portails s'inspirent de ceux du temple de Banteay Srei (Xe siècle).

En 1969, une restructuration de l'établissement permet d'en redéployer les espaces. Depuis la création du musée, les collections se sont en effet considérablement enrichies. En 1975, elles comptent plusieurs milliers de pièces - depuis les objets préhistoriques et ethnographiques jusqu'aux arts de la période post angkorienne tardive -, pour beaucoup offertes au musée par le Roi, les tribus, les temples et la Conservation d'Angkor. Par ailleurs, de nombreuses oeuvres d'autres musées du Cambodge y ont été transférées depuis le début de la guerre civile, depuis 1970.

Après les troubles traversés par le pays dans les années soixante-dix, le Musée national du Cambodge est aujourd'hui rouvert : l'aide internationale pourra seule lui permettre d'entreprendre les travaux de restauration nécessaires - bâtiments, collections - pour préserver le précieux héritage d'une civilisation qui compte parmi les plus brillantes de l'histoire de l'humanité.

(site internet)

 

Les Autres Musées

En France, d'autres musées que le musée Guimet de Paris conservent quelques séries importantes de sculptures ou d'objets Khmers. Il ne saurait être question de donner ici une liste exhaustive, qui d'ailleurs devrait inclure bien des constats de disparitions, parfois liés à la destruction même des musées qui abritaient ces objets : par exemple, que sont devenues les petites stèles khmères inscrites qui, avant la guerre, étaient conservées au musée de Brest ?

En premier lieu, citons le Musée de Lyon (musée Guimet d'histoire naturelle, 28 boulevard des belges), qui renferme, en dépôts provenant du musée Guimet de Paris et consentit par l'état entre 1910 et 1913, une quarantaine de sculptures khmères, dont plusieurs forts belles et intéressantes, qui s'échelonnent de l'époque préangkorienne au XIIIe siècle. Ce musée ayant, comme son nom actuel l'indique, changé de vocation depuis quelques années, il n'en peut, malheureusement, exposer qu'un petit nombre. Cependant, à l'initiative de Roland Mourer, et grâce à un don de la Smithsonian Institution, ce musée s'est récemment enrichi d'une intéressante collection de poteries pré ou proto historiques (site internet).

A Paris, le Musée de l'Homme renferme lui aussi des séries importantes d'objets préhistoriques et protohistoriques recueillis à date ancienne au Cambodge, mais généralement en collecte de surface.

A Chambéry, le musée Savoisien (square F. de Lannoy de Bissy) est riche en objets de même nature, donnés par étienne Aymonier qui était originaire de cette ville (site internet).

On en trouve encore, mais cette fois avec, en grand nombre, des objets d'intérêts ethnographiques et des peintures, dans les collections rassemblées au XIXème siècle par Adhémard Leclère (1854-1917), qui fut, en 1886, résident de France dans la province de Kratié; lui-même puis ses enfants en firent don à sa ville natale, Alençon, où, au musée principal (rue Jullien), une salle leur est consacrée.

Une oeuvre d'art préangkorienne du VIIème siècle, d'un intérêt exceptionnel, se trouve au Musée des beaux arts de Rochefort (63, avenue du général de Gaulle) la Ganeça debout provenant de Neak Ta Phipheah Kanes (Phum Krasang, dans le Transbassac), découvert par le gouverneur Eugène Navelle.

A Toulouse enfin, le Musée Georges Labit (43 rue des martyrs de la libération), remarquablement dynamique et bien présenté, expose quelques sculptures et bas-reliefs angkoriens qui sont de premier ordre (site internet).